CHRISTINE AND THE QUOI ?

 

Par Yacine Synapsas

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Je le sais. Je suis en retard.

Cet article ne vise pas le vif de l’actualité « sans chichi sans blabla », mais répond à plusieurs coups de gueule entendus autour de moi. En effet les aboiements sur une artiste à la mode que je ne connaissais pas m’ont interloqué. Pour moi, taupe autiste, amnésique et égocentrée, Christine and the Queens, c’était  d’abord plutôt:

« – Christine and the Quoi ? »

Alors me voilà à fouiner par mes propres oreilles. Au lieu de crier « – c’est de la merde ! » au bout de 30 secondes de musique, j’ai carrément emprunté l’album Chaleur Humaine afin de l’écouter soigneusement et scrupuleusement.

Si vous connaissez l’univers musical  du capitaine Synapsas et que vous lisez ces premiers lignes, vous pourriez vous dire:

« – mais qu’est-ce qu’il branle, maboul el Yaya ? ».

C’est bien légitime. Non il n’y a pas d’erreur. Voici un article assumé, ni vers un nouveau coup de cœur, ni vers un pamphlet, mais qui interroge « notre temps musical ». Dans le sens le plus concret qu’il puisse l’être. L’album qui est évoqué est sorti il y a pratiquement 3 ans chez Because Music[1]. Je suis en retard, mais il n’est jamais trop tard… un voyage musical sur 11 titres afin de savoir où je vais poser mes valises…

Analyse visuelle de la pochette

Les premières notes entendues me laissent le regard fixe et involontaire. Mes yeux croisent finalement la pochette. Tiens, en regardant la couverture du disque je me rends compte que la Christine en fait autant.

D’abord sur cette pochette (ndlr : en haut de p.1), un personnage féminin tient en ses mains un bouquet de fleurs aux couleurs un peu passés. Cadrage du personnage en entier (et la pose assise avec les jambes pliées est cool pour le format carré d’un CD). Ce même regard un peu vide ne se dirige ni vers le lecteur, ni vers un objet précis. L’attention de Christine est tournée au sol, dirigé en bas à droite de l’image. J’ose interpréter les prunelles de la demoiselle tel un futur aveugle, stoïque et songeur jusqu’à l’absence. Voire un futur blessé. Le visage du modèle sur la photo laisserait-il découvrir un brin d’effroi et amertume ? (Étonnant car en lecture d’image, un regard vers la droite se tournerait vers l’avenir). Ensuite les tons choisis ne sont pas vifs. C’est sûr, on n’est pas chez Mika.

MIKA_cover_album.jpg  Afficher l'image d'origine  11635.jpg

Christine toute vêtue de noir pose sur un fond bleu virant au noir confondant le modèle, comme impersonnel, dans le décor. Et cependant, ce même modèle contraste avec ce sol blanc et épuré,  un cube lui servant de siège. Épuration des lignes tendant vers un Art-design du moment (je pense à Izia, aux Fonds Régionaux d’Art Contemporain, aux modèles de certaines pubs…). Enfin la lecture de la pochette de l’album Chaleur humaine opère aussi bien sur la vue par un contraste « Ebony and Ivory » telles les touches du piano, qu’elle opère également sur son sens : un manque certain de « chaleur humaine ». On ne demande pas forcément aux artistes féminins des poses offrant leurs généreux atouts (Maria Carey ou Britney Spears). Mais en France nous n’avons pas l’habitude d’une telle froideur: même Zazie, Robert ou Pauline Croze n’offrent pas un corpus aussi froid sur leur pochette. Beau contrario.

Quant à l’intérieur de la pochette rien de foufous, aucun visuel des textes blancs sur fonds noirs. À la suite de 3 E.P. (Miséricorde 2011), Mac Abbey (2012) Nuit 17 à 52 en 2013), une nouvelle technique de sortie de disque comme on le faisant dans les 50/60’s:

Une Suite de 45 tours qui s’ils fonctionnent peuvent faire un 33 tours

Et à la lecture de cette pochette de disque un indice de la décennie des 80’s apparait : Annie Lenox pour le titre Money Cant Buy It. Et afin de démontrer la pose féminine modèle féminin avec des fleurs j’ai choisi deux peintures ci-dessous très différentes afin d’exprimer par différentes temporalités différentes mise en valeur de la chaleur, celles-ci en accord possible sur sont temps respectif.

Afficher l'image d'origine Afficher l'image d'origine Girl with Flowers — Hanna Ilczyszyn, 2011 Afficher l'image d'origine
(1848-1915). Summertime par le peintre russe Alexei Harlamoff. 1992. Annie Lenox sur le clip Money Cant Buy It.. 2011. Girl with Flowerspar la peintre Hanna Ilczyszyn, 2014. Chaleur Humaine

Analyse de chaque piste

Dans cet article vous pourrez cliquer sur les mots en bleus afin de faire vous-même le comparatif.

Aussi 2 indcations musicales pour pas vosu paumer:

  • solfège français: Do Ré Mi Fa  Sol La Si Do
  • solfège anglais:    C   D    E   F    G    A   B   C

Langage harmonique: chaque accord à une fonction un degré. Imaginons un Do M. En regardant les notes au dessus:

  • C/ Do= 1er degré (tonale) = I
  • G /Sol = 5ème degré (dominante) =V

Ne vous inquiétez pas vos oreilles repèrent ces choses-là, et on peut y mettre des mots. Et de plus, j’ai entouré de couleurs les éléments que  j’ai repéré sur des extraits très courts de partitions.

La galette commence à tourner dans le poste de repartir depuis le début. Je décide de réécouter ce truc. Ça. Le premier titre.

1er titre : It

Je m’apprête à rembarquer dans les valises de Christine, mais c’est délicat. Je voudrais ne pas faire le vieux con plein de référents passés, mais c’est plus fort que moi. Et pense immédiatement à Vienna d’ Ultravox.

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Ci-dessus Intro d’Ultravox

1.CATQ It - Copie.JPG

Ci-dessus Intro

Un soin épuré, minimaliste et soigné, froid, mais pas crade. Le comparo n’est pas flagrant (plus lent chez Ultravox) mais le style très dépouillé qui se base sur un rythme presque cardiaque (entouré en rouge). Et le chant (entouré en vert) qui démarre en anacrouse (avant le 1er temps) offre très peu de choses (autour de 4 notes). Une ambiance.

Proche des films clipés de Jean-Jacques Beineix tels La lune dans le caniveau. C’est très Pop, mais ça ne sent pas la bière-frite. Bon on est clairement dans un genre que je connais, un style qui ne m’offusque pas. Et c’est ça qui m’offusquerai. La  voix est loin d’être insupportable, je m’attendais à du vocoder, de l’auto tune ou des cascades de vocalises made in RNB ventre-glisse sur fête foraines.  Christine utilise quelques effets de yodeling (effets de voix de têtes comme les tyroliens ou les chanteurs de country) mais les lignes sont assez épurées au niveau des effets et des mélismes. Et colle plutôt avec la musique.

37700_o.jpgphoto de scène du film La lune dans le caniveau. de Jean-Jacques Beineix (1984)

2ème titre : Saint Claude

2.CATQ Saint Claude - Copie.JPG

Le morceau démarre avec des accord très simples. Tout est dépouillé d’accords enrichis. C’est majeur ou mineur. Je relève une figure de style pas entendu depuis un . effets des 80’s : « déci-cide-cide » (entouré en vert). Un peu comme les débuts des samplers à la voix. Effet qui doit convenir à la chorégraphie de la demoiselle. Mélange de chant anglais /français. Des cordes apparaissent à la coda. Donnant de l’impact et de la profondeur. Kate bush  mais plus encore, Cocteau Twins illuminée par la voix d’Elisabeth Frazer.

3ème titre: Christine

1er refrain à 20 sec, tonalité majeur avec un texte mélancolique. La boite electro Je commence à me dire que tout se ressemble, ou me dire que l’ensemble se veut extrêmement homogène… ça c’est une histoire de choix entre « chansons » et « variétés ».

CATQ Christine - Copie.JPG

Dépouillement autour de 2 accords C et G/ Do M et Sol M. Le C/E est un renversement de l’accord Do M( Do Mi  Sol/ ici Mi sol Do.  le chant démarre encore en anacrouse, et tourne autour de Do et Sol. Ici c’est une fusion des éléments entre la basse qui est aspirée, renversée, la voix qui est traité pour être rythmique , les arpégiateurs (arpèges fait par des machines, en bleu) qui sont très rythmiques. à 2.17, Le pont  « rappé » se mélange en traitement rythmique. On sent que c’est un titre plus en avant, très radiophonique. Rappel de Jeux sans frontières de Peter Gabriel, ou encore de Queen pour Radio Gaga:

Afficher l'image d'origineUltravox : Vienna (1983) Afficher l'image d'origine Queen : Radio gaga (album Works, 1982) 949923.jpgCocteau Twins  (80’s)    

 

 

 

 

A.    Pause au bout de 3 titres. Cut et Clip

La  musique de Christine and the Queens qui m’intrigue plus d’ailleurs: le tout est très coupé, haché même. La longueur de chaque phrase musicale est vraiment courte. Les  lignes de synthés s’approchent d’un minimalisme certain. C’est très épuré.

  • mélancolique telle la « froide vague » cold wave des années 80
  • Coupé: culture de la musique electro où les échantillons de phrases (samples) et motifs répétés vont constituer le discours musical.

Pour illustrer ce propos, utilisons une phrase en français en image de la phrase musicale de Christine and the Queens. Au lieu d’écrire:

« ...depuis que je t’ai rencontré, Je t’aime tellement François…» en mode Nicole Croisille, on va  couper, recoller et réécrire:

« …à ta rencontre t’aime Fran-Fran-François… ». Entre résumé de texte, télégramme et texto, notre vocabulaire de l’instant transpire aussi dans notre musique actuelle. Hugo Balzac rentre chez toi! Un langage métaphore, imagé et parfois codé. Les effets sur la voix sont discrets et subtils. Exemple retenu dans le titre Christine :

« Je fais tout mon make-up au mercurochrome contre les pop-up qui m’assurent le trône…».

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Christine and the Queens, le 11 novembre 2015, sur la scène du Webster Hall, à New York. – AFP (tiré du site 20mn)

4ème titre: Science fiction

Le gimmick (le motif en Pop qui est fait pour accrocher) à 0.30 m’interpelle. Et c’est au refrain que me vient immédiatement Lucifer d’Alan Parsons Project.  Je ne délire pas. Au refrain à 1.17, écoutez avec les ajouts de pianos :

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Ci-dessus l’intro de Lucifer d’Alan Parsons:

  • I (D m)
  • II/I (Em /D)
  • VII/I (C /D)
  • IV/I(G/D)

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intro de Science -Fiction

I (Do »m), IV/I, comme prévu, on dépouille le reste. On garde les accords de départ et d’arrivée

Une astuce toute bête: garder une note basse en pédale, le C#Do dièse chez Christinette. Et proposer plusieurs accords mineurs I IV (principe de musique modale).

2.18:  Le phrasé des violons avec un glissando bruité entre 2 refrains. Comme pour évoquer cette galaxie , cette Constellation, cette science-fiction. C’est la première fois que je suis surpris dans l’album. et ça dure 1 seconde.

Le mélange anglais/ français/ espagnol passe bien. Le « -nin-nin-nin » à la voix en fin de phrase, par contre il fallait oser. « Constellation, Stella à qui ?« Message personnel ?

 

5ème titre: Paradis Perdus

Un titre à l’origine de Christophe et de Jean Michel Jarre. Les phrases de l’intro sont coupés/cuttés comme au RnB des années 90/2000. Les Paradis Perdus est un long titre à la fois planant, mystérieux et mélancolique, long de 6:58 (on est en 1973).

Et là je me dis OUI ! Christophe, mais c’est bien-sûr! Ce coté Pierrot triste prêt à se flinguer, élégant, arty, gants blancs, les mots blues, avec les nappes de synthé de Jean-Mimi.

Christine & the Queens offre un regard incontestablement vers le passé alors que les textes se veulent très actuels, avec un soupçon de « I’m going to » (je vais faire).

Mais contrairement au 70’s le dépouillement reprend le dessus. Juste le refrain version Chris a changé pour donner un sentiment égal, équanime tout le long de la chanson (à contrario de l’original). Les cymbales sont sèches, et parfois les impacts d’un crash se fait par des échos de voix ou de synthé. Tonalité mineur bonjour. Bm    A    G    D

Petit sketch en apparté: mon côté « je chante les paroles mais je comprends rien »

Après le mélancolique et languissant couplet français, je pensais trouver le refrain dans la même langue :

À l’aise , que tu t’y sentes à l’aise

Et en fait le refrain dit:

How could you be so heartless

C’est beau le chant, on y voit ce que l’on veut. BREF. Continuons.

6ème titre: Half Ladies

Titre mid-tempo proche de la marche à l’ambiance très optimiste.  On ressort le clavier Fender Rhodes. Les phrases sont toujours très courtes. On sent la pop cutté. Avec des Mots/phrases prosodie à l’anglaise. Le Mot qui groove plutôt qu’il ne raconte. La phrase musicale en tonalité Majeur allant au Mineur se résout en accord  enrichi: le 7ème.

Afficher l'image d'origine Afficher l'image d'origine Afficher l'image d'origine
Lucifer par Alan Parsons project (1978)   Christophe  et Jean Michel Jarre: Paradis perdus (polygram, album Paradis perdus, 1973) Vanessa Paradis : Joe le taxi (1988)  Janet Jackson+ Cocteau Twins (Blue Knot bell,  1988)

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Ci-dessus l’intro de Joe Le Taxi de Vaness’ Paradis.

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Ci-dessus l’intro de Chris’

Autour de 3 accords: F (I) , Am (III) , C (V). Le chant en vert (évoque vraiment le même élan que le tube de Vanessa en 1987 (sol, fa si).

Avec un refrain un peu plus chargé: les voix couplées à la tierces, des nappes d’accord au milieu, et  en bas une basse type New Wave qui joue des Do

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Et s’en suit une formule aux cuivres synthétiques, qui est l’un des passages qui m’ont émoustillé…malheureusement trop court.

Mais qui sont ces « Queens » ?

Comme 73% des gros cons, je me demande qui sont les Queens. Eddie et les Chaussettes Noirs, Alex et les lézards, Frank Zappa and the Mothers of Invention, Michel et les meilleures ventes des bouteilles de Pineau du Super U...

Elle fait quoi Christine avec ses Queen ? Est-elle la reine ? Suis-je en train de jouer au Cluedo ? Dans l’utile livret fourni avec le disque elle remercie ces fameuses « Queens » pour l’avoir je cite :

« …recueilli quand elle était artiste un peu maudit un peu vieilli ». Clin d’œil à Christophe le Chanteur. Ces Queens se pencheraient sur le berceau de l’adolescente comme des fées sur le berceau de Cendrillon. Quand on prête oreille aux paroles on saisit le sens:

  • « suis laid ou beau » (au lieu de laide ou belle) 
  • « I’m a man now »
  • laissez passez les half ladies

Mais le groupe Queen. Ah oui. Dans l’argot gay,  « Queen/la reine » est un terme utilisé pour désigner l’homme gay « flamboyant » ou « efféminé ». Le terme peut être péjoratif ou célébré comme un type d’auto-identification.  Il parait évident sans entrer dans un propos homophobe, que la question du LGBT (LesbianGayBiTtrans) est de mise dans l’album Chaleur humaine.

Dans le titre IT, Christine chante« I’m a man now »

Et les fameuses Queens (citées en choristes), personnages fictifs lui répondent à la coda « it’s a fake ». Étrange. Étonnant.

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Figure chorégraphique tel un  clin d’œil à M. Jackson ? Sur scène CATQ fait des reprises de Chakan Kahn /Pump the jam, sur scène (Christine and the Queens Live 2016 Full Concert)

7ème titre: Chaleur Humaine.

Ah bah en bonne élève de l’industrie du disque et du référent Pop Music, je me dis que le titre éponyme de l’album va être le titre fort du morceau. Et ben pas du tout. On retrouve le battement cardiaque de notre cher Vienna D’Ultravox.

La même formule d’arrangement: utilisation de synthétiseurs alliés au piano et à l’alto, la boîte à rythmes, et les envolées vocales du chanteur. Son succès fait du groupe l’un des fers de lance de la nouvelle vague. Tiens avec un peu de violoncelle après le 2ème refrain (1,48). Ce qui varie un peu le discours musicale, car le refrain utilise les mêmes accords, le même rythme que le couplet.

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Ci-dessus le Roland JX-8P, parfait pour obtenir les sonorités de Christine and the Queens.

Le thème de la  chanson sent le néon tamisé. L’amour dans un couloir de métro. ça sent le coït ou la perte de virginité, avec des mots clés:

Culbuto/chasteté/ frivolités/ des nudités pour m’initier/chaleur humaine

8ème titre: Narcissus is back

Petit rappel du vieux con qui fait croire qu’il sait tout : Narcisse est une figure mythologique grecque:

« …We make love as we rehearse… »(Nous faisons l’amour en boucle)

Belle figure de miroir et de spirale. Peut être le titre s’approchant le plus du M’sieur Michel Jackson. Les textures avec quelques synthés gras et guitares électriques sembleraient donner un peu plus de corps à ce morceau.

Le titre passe très bien, peut être celui que j’ai retenu le plus mais:

J’ai retenu une figure très actuelle de la photo dite « selfie”: Narcissus is back from the water and kisses his lips again

9ème titre: Pretty Ugly

Le titre un peu clubby comme ce truc des années 90. Ensemble de cordes. titre en 4/4 club avec le kick à 120/130 à l’européenne : parfait pour être diffusée sur Virgin Radio. Titre radiophonique de 3.30, comme l’ensemble de l’album, ici en anglais. Une phrase classique de Chopin ou JS. Bach tronqué et pompé. Cependant cette harmonie plus riche et le club party dansant donne un peu de souffle. Le traffic des voix après chaque refrain est une trouvaille envoûtante.

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L’expérience d’un Mashup (mix musical de plusieurs sources musicales)  pourrait être marrant avec les 2 titres ci-dessous afin de donner l’essence de Ugly Pretty:

Et bien ça donnerait un titre déjà connu:

 Afficher l'image d'origine  Afficher l'image d'origine Afficher l'image d'origine  Afficher l'image d'origine
 Ultravox Like a virgin de Madonna (album 1984) Peter Gabriel Shock the monkey. Vangelis. L’apocalypse des animaux.
Afficher l'image d'origineSonique – It Feels So Good Missing (EBTG song).jpg Afficher l'image d'origine
1.        Everything But The Girl – Missing (Official)  Visage : Fade to grey CeCe Peniston – Finally Finallyou encore

Now these flowers are sold
This lover is cold 
The hour is gone 
The colour is wrong 
And I want more
Than just a sip of it all

Ici le Texte est en anglais encore. Le passage en français parlé est très kitsch mais ce que ça raconte est très intime est très actuel à mon goût. Attention deux phrases en français ne sont pas chantées dans l’album :

« …j’ai ri avec eux de la vidéo alors que j’étais profondément ému. »

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Klaus was
The closest one to embody
This sharpest taste, « ugly-pretty »
It was for love and love only
Only 

Qui est ce Klaus dont elle parle ? On en apprend plus en lisant l’intérieur de la pochette. Ah la vieille école du livret de CD contre le Mp3. Et OUI!  Figure mélancolique gestes robotiques, regard livide et glacé, glacant, le fabuleux troubadour soprane de l’espace : Klaus Nomi. Un des premiers artistes terrassés du SIDA en 1983.

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Afficher l'image d'origine Klaus Nomi : Keys of Life (1981

Des clés qui amènent  à nous tourner vers le passé. Encore. Des clés par les maux. Mots clés sur la mélancolie et la différence: pleur, douleur, curieux enfants prodigues, défier l’ordinaire, ces enfants bizarres,(Christine),

Titre 10: Nuit 17 à 52

Piano avec grosse réverbération d’ambiance, et Christine encore cette manie à passer en anglais. Comme un journal de bord intime, numérotée sur 52 nuits. On pense à à 3 nuits par semaine d’Indochine. Le refrain marche très bien et reste en tête. Et une fin par un surplomb des cordes. Tout comme 3 titres dans l’album…

  • G   D   C   C
  • Refrain : G, C ,Em,

Indochine_-_3-front.jpg Indochine 3 : Tes yeux noirs, 3 nuits par semaine, 3ème sexe.

Titre 11: Here

!!!ATTENTION !!! il existe une version avec Booba (académicien lettré français). Ce duo me rappelle étrangement Sim et Patrick Topallof. Bon là clairement c’est une visée de duo de choc du moment pour mélanger 2 souris de laboratoires, mélanger les publics, et voir de cela va accoucher avec la phrase aussi drôle que consternante :

« Si tu m’as dans la main je suis une cloque,  quand Dieu a crée la vie il fumait une clope »…

L’ensemble: Figure de Pierrot triste

Les constructions musicales de l’album Chaleur Humaine sont très épurées. C’est de la Synthwave minimalisme, comprenant très peu d’accords enrichis, et le rythme reste souvent le même tout le long d’un morceau. Il n’y a pas de pont musical ou de petites comètes d’1 à 3 s, pas de cassure, chaque titre se termine comme il débute, le discours débité se fait par tuilage : on rajoute ou enlève des éléments. 11 titres sont à écouter afin de démontrer , et la demoiselle ne s’en cache pas, d’un regard artistique sur le passé. Et pourtant c’est très actuel…alors quesako ?

Conclusion:« notre temps musical

Et c’est pourquoi cet article avec ces comparaisons, ces analyses, ces référents et ces réflexions: SON CADRE SOCIOLOGIQUE

On ne vous l’avait peut être pas dit, mais j’ai entendu il y pas loin de 10 ans dans le G8 musical (Mode/Pub/Industrie/Musique/Clip/Icone/Radio/Supermaché) que l »on se tournera vers les années 80 c’est-à-dire 30 ans en arrière. La suite de la Retro Mania dont parlait Simon Reynolds.

Ici il n’est pas question d’un coup de blues ou d’un ras-le-bol en soupirant :

« – ça a déjà été fait/ c’est du réchauffé/ c’était mieux avant… »

Mais plutôt une démonstration de ce que nous vivons depuis les années 2000, et plus crûment depuis les années 2010.

Des idées noires, confuses et internes. Là où d’autres courants apportaient une colère positive jusqu’à un No future, ici j’ai l’impression de bras qui se baissent se tournant vers un passé. Il y a toujours eu des Revival, des choses qui ressortent. Je ne suis qu’un jeune trou du cul, mais pour parler avec beaucoup d’anciens, je me rends compte que nos avons du mal à nous tourner vers l’avenir. Et musicalement il y a plein de choses très audacieuses, très nouvelles qui sortent.

Ce que je nomme « notre temps musical » c’est l’association entre notre société, son histoire, et de ce qui en sort artistiquement, ici musicalement. Et bien si nous nous tournons vers notre passé, sommes-nous à l’aise avec notre présent? Au delà d’une madeleine de Proust, peut être ce que figure toute cette vague des 80’s , fantasmé pour les plus jeunes, retrouvée pour les moins jeunes, c’est l’incapacité à se projeter, à voir devant. Ou encore à être au présent. Présents.

Ce n’est pas un coup de gueule, je ne peux pas dire que la musique de Christine & Co soit mal faite (et puis je suis qui pour insinuer cela?), mais elle transpire un malaise qui trône dans notre société aisée. Une complainte du progrès? Le temps bénies des Ptit’s Goonies? Retour vers le Futur?

…………………

Et une pirouette plus légère sans aucune démagogie: honnêtement l’écoute de Christine and The Queen n’est pas une révélation, cela ne m’a pas renversé les boules, mais cela permet d’être en lien avec des proches qui n’ont pas forcément la même culture musicale que la mienne.

La leçon positive de tout ça :

pour que les autres fassent un pas vers vous, tentez déjà un pas vers les autres…

Sources

Sortie,11 juillet 1980, Enregistré, février 1980, aux studios RAK (Londres),Durée 43:37, synthpoppost-punk, Producteur, Ultravox, Conny PlankLabel Chrysalis Classement 3e (Royaume-Uni) 164e (États-Unis)Sources:

Released November 12, 1984 Recorded April–September 1984 Studio Power Station Studio (Manhattan, New York) Genre Dance-pop[1] Length 43:10 Label Sire Warner Bros. Producer Nile Rodgers Madonna Stephen Bray

[1] Label EX-CEO DE VIRGIN EUROPE ET D’E.M.I. EUROPE comprenant un gros catalogue d’artiste, mais distribuant également Booba, Camille, Bjôrk, Catherine Ringer, Charlotte Gainsbourg, Yelle entre autres

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